Open Science
Définition
La science ouverte est la pratique de la science de manière à ce que d’autres puissent collaborer et contribuer, où les données de recherche, les notes de laboratoire et d’autres processus de recherche sont librement disponibles, dans des conditions qui permettent la réutilisation, la redistribution et la reproduction de la recherche et de ses données et méthodes sous-jacentes.
Foster Open Science
Présentation
Illustration de la NASA
L’open science, dans une volonté de diffusion de la connaissance, repose sur la mise à en accès libre (open access) de la recherche scientifique, ainsi que la mise à disposition des ressources nécessaires à sa reproduction à travers notamment l’open data et le logiciel open source.
L’évaluation par les pairs est réalisé dans une logique d’open peer review, avec une identité et des rapports publiques, permettant une interaction entre auteurs et évaluateurs, ouvert à la communauté et aux non-scientifiques, avec de l’évaluation post-publication…
Avec la mise en relation qu’offre le numérique, de nouvelles formes de collaboration deviennent possibles, autant pour co-produire un travail de recherche que pour entrer en relation avec une communauté de scientifiques permettant un support mutuel. Ces dynamiques collaboratives vont pouvoir favoriser la transdisciplinarité ainsi que l’inclusion des différentes parties prenantes (institutions, citoyens, organisations publiques/privées, etc).
L’open science représente tout un changement de pratiques pour le chercheur, de nouvelles sources d’informations, de nouveau formats, de nouveaux outils, de nouvelles possibilités, etc. C’est également une valorisation différente de la recherche qui prend forme, anciennement basée sur le prestige des revues, avec par exemple le développement des altmetrics.
Histoire de l’open science
Internet a fondamentalement changé les réalités pratiques et économiques de la distribution des connaissances scientifiques et du patrimoine culturel. Pour la première fois, Internet offre la possibilité de constituer une représentation globale et interactive du savoir humain, y compris du patrimoine culturel, et la garantie d’un accès mondial.
Notre mission de diffusion des connaissances n’est qu’à moitié accomplie si l’information n’est pas rendue largement et facilement accessible à la société. De nouvelles possibilités de diffusion des connaissances, non seulement sous la forme classique, mais aussi et de plus en plus par le biais du paradigme de l’open access via Internet doivent être soutenus. Nous définissons l’accès libre comme une source complète de connaissances humaines et de patrimoine culturel qui a été approuvée par la communauté scientifique.
Afin de concrétiser la vision d’une représentation globale et accessible de la connaissance, le futur Web doit être durable, interactif et transparent. Le contenu et les outils logiciels doivent être librement accessibles et compatibles.
Berlin Declaration on Open Access to Knowledge in the Sciences and Humanities, 2003
L’histoire de l’open science s’inscrit dans l’histoire de la science, une certaine profondeur historique permet de contextualiser ce phénomène qui pourrait s’inscrire dans une seconde révolution scientifique.
La Révolution Scientifique à l’Époque moderne, du XVIᵉ aux Lumières
Il est d’usage de parler de la Révolution Scientifique pour désigner la période qui va de la révolution copernicienne au siècle des Lumières, cette période étant associée à des évolutions majeures des connaissances scientifiques qui ont provoqué des changements de sociétés profonds ainsi qu’un bouleversement de notre rapport au monde.
Nicolas Copernic est l’auteur du livre De revolutionibus orbium coelestium [Des révolutions des sphères célestes] imprimé pour la première fois en 1543, l’année de sa mort. Son œuvre propose la théorie de l’héliocentrisme, qui suggère que le Soleil se trouve au centre de l’Univers, en opposition à la théorie acceptée du géocentrisme qui suppose que la Terre est immobile, au centre de l’Univers. L’hypothèse du géocentrisme était majoritairement soutenue par les religieux de l’époque.
La théorie de l’héliocentrisme aura mis quelques siècles pour se propager, devenant le fruit d’une grande bataille entre la science et la religion, mais finit par s’imposer pendant les Lumières à travers l’Encyclopédie provocant, selon Alexandre Koyré, le passage pour l’Humanité de la vision d’un monde clos à celui d’un Univers sans limites connues.
L’Époque Moderne, du XVIᵉ au XVIIIᵉ, a connu une transformation dans une variété de domaines scientifiques comme l’astronomie, mais aussi la physique, les mathématiques, la biologie, la médecine… Pour se diffuser, cette révolution scientifique va s’appuyer sur l’essor de l’imprimerie qui apparaît vers 1450, sur le développement des revues scientifiques qui naissent vers 1665, accompagné d’une relative démocratisation et professionnalisation de la recherche scientifique.
Vers une seconde révolution scientifique ?
L’Anthropocène, avec les crises existentielles qu’elle porte en elle, couplé à la révolution numérique, transforme autant notre rapport au savoir que notre vision du monde, entrainant une “discontinuité de la pensée scientifique à une époque donnée”.
Des pratiques nouvelles se dessinent qui vont venir modifier la posture du chercheur. On parle parfois de Science 2.0 pour qualifier cette approche de la science qui utilise les technologies numériques, l’open science étant une branche qui cherche à se défaire du poids de la propriété intellectuelle.
Le désir d’utiliser le numérique pour la recherche remonte au moins à la création d’ARPANET voir des premiers ordinateurs, mais la dynamique de l’open science s’affirme fin 90, début 2000. ArXiv, première plateforme pour les prépublications, est créée en 1991. Le nom de domaine openscience.org est enregistré en 1998. Une série de 3 évènements parfois appelée “BBB definition” vient donner corps à ce mouvement autour de l’open access/open science :
- Budapest Open Access Initiative (2002)
- Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie, sciences humaines et sociales (2003)
- Déclaration de Bethesda sur la publication en Open Access (2003)
La science traverse une crise de la reproductibilité qui s’amplifie ces dernières décennies, des problèmes méthodologiques rendent invérifiables de nombreux travaux de recherche, ce qui vient miner la confiance quant à leur qualité. L’open science va se montrer comme une piste pour faciliter la reproduction des expérimentations.
En opposition au modèle des éditeurs, une fronde souffle, ce qui vient renforcer ce mouvement autour de l’open science. Des initiatives comme Sci-Hub (2011) viennent rendre accessible (illégalement) les publications des revues scientifiques, on observe l’arrivée d’un “Printemps Académique” (Academic Spring) avec des mouvements de contestation comme le boycott de revue avec “The Cost of Knowledge” (2012). Des universités prestigieuses suppriment leurs abonnements à certains éditeurs, utilisant des voies alternatives pour publier et permettre l’accès aux différents travaux scientifiques.
L’open science devient une évolution dans la façon de faire la science et pourrait demain devenir la norme, au cœur des bouleversements sociétaux que notre époque nous impose, les crises pouvant venir accélérer cette dynamique.